Mélenchon et l'écho d'un certain « détail de l’Histoire »

Si LFI, sous la houlette de Mathilde Panot, semble tentée de confondre la figure de Jean-Marie Le Pen depuis sa mort avec celle d'un « ennemi de la République », ne serait-ce pas pour éviter que l'on entende dans l’« antisémitisme résiduel » de Mélenchon l'écho d'un certain « détail de l’Histoire » ?

Maître Alimi – l'avocat de Mélenchon – révéla, avec une candeur sans borne, ce qui devait resté tu. Il avança qu'il fallait opposer « l’antisémitisme contextuel, populiste et électoraliste instrumentalisé par certains membres de la France insoumise » à « l’antisémitisme fondateur, historique et ontologique du Rassemblement national » 1. Il ne se contenta pas de reconnaître ainsi l’antisémitisme du mouvement politique de son client. Il suggéra que celui-ci était motivé par de sordides calculs électoraux. Et finalement, il vendit la mèche en pointant du doigt la question de l'origine de cet « antisémitisme ontologique » que la gauche s’évertue à cacher depuis un siècle.

Un antisémitisme qui n'est pas de circonstance

Car il existe à l'extrême gauche, et même à gauche, un antisémitisme qui n'est pas de circonstance. Cet antisémitisme « fondateur, historique et ontologique », à la différence des simples préjugés judéophobes répandus dans les couches les plus réactionnaires de la société, est le fruit de la doctrine anticapitaliste de Marx, de Proudhon, de Guesde, de Fourier, de Blanqui et même de l'ange tutélaire des socialistes, qui le formula d'une manière on ne peut plus claire en 1898 : « Nous savons bien, écrivit Jaurès dans son Discours à la salle Tivoli, que la race juive […] manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corset, d’extorsion. » 2

Dans cette longue histoire de la haine des juifs, les parenthèses du fascisme et du nazisme jettent une lumière édifiante sur la profondeur de l'antisémitisme qui inspire les insoumis ; cet antisémitisme puise à la source de celui qui fut l'allié d’Hitler, le grand mufti de Jérusalem, l'un des principaux fondateurs de l’islamisme palestinien, c'est-à-dire d'une idéologie qui proclame sa volonté d'exterminer les juifs. Une idéologie de « résistance » pour la France insoumise et pour une large partie de la gauche gagnée aujourd'hui par de nouvelles formes de négationnisme.

La synthèse néofasciste du parti des insoumis

C’est la synthèse de cet « antisémitisme anticapitaliste » de gauche et du prétendu « antisionisme » islamiste que le mouvement politique de Mélenchon réalise en effet. Il convient donc de caractériser ce parti comme néofasciste. Le théoricien du terrorisme, le père du goulag et l'inspirateur du système totalitaire et génocidaire de l'URSS, Léon Trotski, n'est pas le seul modèle de Mélenchon. Car dans toutes les idéologies qui, au nom du progrès et de l'émancipation ou du mythe d'un monde parfait, veulent détruire l'ordre ancien et remplacer les hommes par un homme nouveau, le mépris de l'humanité prend un tour particulier. Il se focalise d'abord sur le juif, objet de détestation à la fois infériorisé moralement et craint pour sa supposée toute-puissance, comme un génie du mal qui peut habiter n’importe quel passant croisé dans la rue. La peur du juif, dans ce qu’il représente de pouvoir occulte aux yeux des foules abruties à coup de théories du complot, est l’instrument de la paranoïa collective. Elle assure la discipline autour du chef.

C'est pourquoi, après le pogrom génocidaire du 7 octobre 2023, la France insoumise réactive les vieux démons. Elle cherche à insuffler auprès des jeunes et des musulmans avec la Jeune Garde de Raphaël Arnault ou avec son étoile montante, Rima Hassan, ou avec David Guiraud, Aymeric Caron ou d'autres, cet antisémitisme consubstantiel à son projet. Et l'on peut être certain que la flambée de crimes de cet antisémitisme que Mélenchon prétend n'être que « résiduel » risque de s'aggraver en raison du silence complice de la gauche et des derniers soutiens du président de la République.

Notes :

1 Arié Alimi et Vincent Lemire : « L’antisémitisme de gauche connaît une résurgence incontestable et il est instrumentalisé pour décrédibiliser le Nouveau Front populaire » : Le Monde, 20 juin 2024 : « Non, il n’y a pas d’équivalence entre l’antisémitisme contextuel, populiste et électoraliste instrumentalisé par certains membres de La France insoumise, et l’antisémitisme fondateur, historique et ontologique du Rassemblement national, qui défend la préférence nationale, dénonce les ressortissants binationaux et attaque l’« anti-France » depuis toujours et avec constance. Le premier, nous devons le combattre pied à pied, programme à l’appui, sans baisser les yeux, en prenant les électeurs à témoin pour démontrer que l’antisémitisme est la négation même de nos valeurs communes. Le second, nous devons le battre, dans les urnes et dans l’urgence, pour éviter que la France ne renie son identité républicaine en renouant avec les pires pages de son histoire. »

2 Être dreyfusard hier et aujourd’hui - Le cas Jaurès - Presses universitaires de Rennes : Discours du Tivoli Vaux-Hall, 7 juin 1898, reproduit in L’Affaire Dreyfus, t. 6 des Œuvres de Jean Jaurès, édition par Eric Cahm, Paris, Fayard, 2001, p. 376-382 : « Et nous, nous savons bien que la race juive, concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre, par la fièvre du gain quand ce n’est pas la fièvre du prophétisme, nous savons bien qu’elle manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corruption et d’extorsion ».

L'ennemi de la République

L'antisémitisme et la gauche, par Joël Rey et Didier Lemaire - janvier 2025

« Nous déposons ce recours pour que justice soit faite, et ce n’est pas rien, puis pour que cessent ces renoncements qui tuent », affirme Me Carine Chaix dans Points de Vue (Le Figaro-TV). Une première démarche, donc, qui invite l’État à reconnaître sa responsabilité dans l’assassinat de Samuel Paty. En l’absence de réponse de l’administration d’ici le 17 mai, et tant qu’il n’y aura pas de « reconnaissance pleine et entière, officielle, de sa responsabilité », l’affaire poursuivra son chemin juridique et un recours contentieux devrait être porté devant le tribunal administratif. Ce à quoi Mickaëlle Paty ne dérogera pas « car c’est une combattante, elle ira jusqu'au bout », ajoute celle qui échange quasi quotidiennement avec sa cliente.

La démission du proviseur du lycée Maurice-Ravel « montre combien le combat de Mickaëlle Paty est juste. La pression islamiste pousse au silence, à la démission ou à l'autocensure, et on le sait, plus d’un professeur sur deux admet s'autocensurer », poursuit l’avocate qui reprend les chiffres de la commission d’enquête sénatoriale sur les pressions, menaces et agressions envers les enseignants.

« 150.000 professeurs par an menacés et agressés »

Interrogée ce jeudi sur RMC au sujet du recours de Mickaëlle Paty - révélé il y a dix jours par Le Figaro -, la porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot, invitait à « ne pas se tromper de cible : les uniques coupables, ce sont les terroristes islamistes ». Dans Points de Vue (Le Figaro-TV), Me Carine Chaix ne décolère pas. « Quand j’entends madame Thévenot, je suis assez confortée dans l’idée que l’oubli de l’esprit de responsabilité est l’une des causes de nos malheurs publics. L’État n’est pas ce Léviathan au-dessus des lois, il a l’obligation juridique de protection envers ses agents. C’est aux fondements de notre État de droit », assène l’avocate au barreau de Paris.

Plus de trois ans après l’assassinat de Samuel Paty, Me Carine Chaix invite les autorités compétentes à prendre « des mesures simples : rendre systématiques les conseils de discipline contre les élèves qui diffusent des messages malveillants sur les réseaux sociaux, et instaurer un délit d’outrage à agent - et de dénonciation calomnieuse - ayant entraîné des menaces de mort ». Le cabinet du premier ministre a bien « contacté Mickaëlle Paty hier soir », confirme enfin son avocate, au micro de Timothée Dhellemmes.